Dans Facebook dès 6 ans

L’âge pour s’inscrire à Facebook est de 13 ans depuis la traduction de Facebook. Comme pour certains services de Google d’ailleurs !

D’un autre côté, la plupart des parents nous rabâche régulièrement le refrain des dangers de Facebook et des réseaux sociaux.

4% des enfants sont inscrits dans Facebook dès 6 ans

Aussi, lorsque en 2012, Minor monitor publiait son infographie, elle m’avait fait sourire… 38% des enfants inscrits sur Facebook étaient alors âgés de 12 ans et moins et 4% d’entre eux sont âgés 6 ans et moins !

N’allez pas me faire croire que ces enfants de la génération Z se sont inscrits seuls sans que leurs parents s’en aperçoivent ! Et ce, d’autant plus que 30% de ces mêmes enfants passeraient plus de 2h par jour sur le réseau social…

Cela me rappelle la maman qui venant à la maison devant sa fille et les miennes assure que sa progéniture a un compte Facebook mais n’y va pas souvent ! Grand éclat de rire des filles (elles avaient toutes plus de 13 ans 😉 et de dire : «pas sur l’ordi.» La fille en question utilisait Facebook presque exclusivement sur son smartphone.

Bon, du côté de l’âge, je pense que le pourcentage d’enfants de moins de 13 ans utilisateurs des réseaux sociaux Facebook ou Twitter… est encore plus impressionnant en 2014… je n’ai pas de chiffre, mais l’impression que nous ne devons pas être loin de 50 % désormais…

Honnêtement, je n’ai pas d’avis tranché sur la question est-ce bien, est-ce mal ? Comme souvent, il y a du pour et du contre… Et rappelez-vous que c’est vers 2012 que Facebook évoquait la possibilité de supprimer la limite d’âge !

Où sont les parents ?

17% des parents ne regardent pas l’activité de leurs bambins (ce qui confirme que les parents ont accepté la présence de leurs enfants avant 13 ans dans Facebook – Pour mémoire, ils sont 38 % dans ce cas).

Je pense qu’il faudrait également relativiser ce chiffre ! Nous avons l’impression en tant que parent parfois de « surveiller » le compte Facebook ou Twitter de nos enfants (je n’évoquerai pas la notion de vie privée associée aux réseaux sociaux à l’image du courrier traditionnel – vous auriez aimé que vos parents lisent votre correspondance amoureuse en étant ados ?).

Mais je crois que pour beaucoup d’entre nous, les parents, même si nous avons l’impression de le faire, c’est rarement le cas, mais cela nous rassure de pouvoir le croire…  Cela rejoint ce que j’exprimais dans dangers dans les réseaux sociaux ? oui, mais pas où on pense !

Pour compléter mon explication, un cas concret ! L’une de mes filles lorsque sa mère s’inscrivit sur Facebook accepta d’être son ami ! Seulement, après l’avoir accepté, elle régla les paramètres de confidentialité pour que sa mère ne voit rien de son Facebook 😉 On disait que la génération Z ou C était numériquement mûre dès 13 ans je crois 😉

Un des paradoxes de la génération Z : les craintes des parents

Oh, je fais confiance aux parents… ils s’inquiètent ! Ce doit être le paradoxe de la génération Z ou de la génération C ! Ils s’inquiètent mais ce sont eux qui mettent les enfants dans les réseaux ou qui les laissent faire à leur guise !

Paradoxe entretenue par les médias et certaines structures qui profitent du « crime » pour se faire beaucoup d’argent.

Lâchons les mots qui fâchent : pédophilie, partage d’informations personnelles, personnes que l’enfant ne pourrait pas connaître, cyber-intimidationpornographie, messages ou photos à connotation sexuelle (à quand un parallèle entre ces messages et ces photos avec ce que l’on voit parfois à la TV), le vol d’identité.

Cerise sur le gâteau, égoïstement je pense, les virus sont évoqués. Imaginez, si en plus ce sont les enfants qui les acceptent sur l’ordi de Papa ou Maman…

Des exemples concrets de ce paradoxe des parents ? Les plus anciens se souviennent peut-être de la 1er émission d’Envoyé Spécial au sujet de Facebook et du « scandale » des 2 filles mineures… J’en avais rediscuté avec le journaliste… et l’on remarquait que les parents avaient signé l’autorisation de diffusion !

Autre exemple, alors que j’effectuais des recherches au sujet de chat roulette, j’avais « rencontré » 5-6 ados dans une chambre vers 3 h du matin en train de jouer sur ce service ! Je leur avais posé la question : «Où sont vos parents ?». La réponse : «ils dorment dans la chambre d’à côté !»

Vous n’allez pas me faire croire que ces chers chérubins possèdent leur propre machine, non ! Mince, ils ont tous des smartphones désormais !

J’arrête là. Je vous laisse consulter les résultats de l’enquête… Gardez juste en mémoire que c’était en 2012 🙂

Facebook et génération Z ou C - dans Facebook dès 6 ans

Facebook et génération Z ou C – dans Facebook dès 6 ans

vers une redéfinition de la vie privée : génération Z et nudisme social ?

sex@mour

génération Z et nudisme social abordé par le livre Sex@mour ?

Il est toujours difficile de faire de la prospective sans tomber dans le fantasme ni regretter le bon vieux temps … Il suffit de se reporter à un article sur la manière dont on imaginait le Web de 2010… en l’an 2000 pour s’en convaincre.

Et je fais mienne la citation de Bruno Devauchelle « De plus les adultes que nous sommes ont laissé à nos enfants un terrain de jeu formidable et nous leur reprocherions de s’en emparer. Que n’étions-nous pas contents de ces interfaces souris graphique au début des années 80 avec les premiers Macintosh ! Que n’étions-nous pas heureux d’en finir avec les lignes de commande de MS-DOS ! Que ne sommes-nous pas béats de voir nos tout petits accéder à ce monde numérique avant même que de savoir lire et y posons même l’hypothèse d’une nouvelle attention et motivation pour l’apprentissage. »

Je vais tenter d’explorer l’avenir dans cet article. J’ai un atout en main, je suis déjà confronté à cette génération Z. Mes enfants, aujourd’hui âgés respectivement de 10 ans et demi et 13 ans, sont de la génération Z. Je peux déjà observer leur comportement et l’extrapoler dans l’avenir (quelques lectures m’y ont aidé également, soyons honnêtes).

La génération Z

En préambule, il est bon de rappeler comment se situe la génération Z ! Cela semble évident que la génération Z suit logiquement, selon les concepts sociologiques, la génération Y (ceux qui sont nés entre 1978 et 1994, parfois plus connus sous les expressions de digital natives ou net génération), qui elle-même suivait la génération X (1959- 1975 qui pourrait correspondre à la génération 1968 !).

La génération Z (aussi appelée génération numérique) débute avec les jeunes nés depuis 1995, autrement dit les jeunes de 0 à 15 ans. Une remarque… Une génération dure désormais une quinzaine d’années ce qui tendrait à dire que nous sommes au terme de cette génération Z ! Et donc, pour l’instant, la génération Z est la dernière qui sera à la tête du monde en quelques décennies.

Ces jeunes et très jeunes enfants représentent près de 18 % de la population mondiale et ont comme caractéristique d’avoir accès à presque tous les outils de communication : internet, téléphones, lecteurs MP3, iPods, Ipad… Ils vivront dans l’ère du nomadisme.

Ils auront toujours connu ce que nous appelons les TIC ou NTIC : les nouvelles technologies de l’information et de la communication, surtout le web 2.0 et les outils de partage et de collaboration. Ceci leur vaut d’ailleurs en grande partie le surnom de génération C (pour Communication, Collaboration, Connexion et Créativité). On les qualifie également de génération Y’, AA ou Emos (pour émotionnels).

Il est difficile pour l’instant de juger de leur future culture, toutefois, en s’appuyant sur la théorie américaine des générations où la génération Z est comparé à la génération silencieuse originelle (ceux qui sont nés entre 1925 à 1945), il serait possible de discerner des tendances.

Cette génération a grandi dans un monde aux évolutions extrêmement rapides. Ils n’ont pas le temps de digérer les évolutions en cours que déjà une nouvelle culture apparaît.

Il y a fort à parier que ce sont eux qui vivront le mode de travail décrit par Christophe Deschamps dans son livre : le nouveau management de l’information. Ils seront de plain-pied dans la nouvelle organisation du travail où chacun sera associé plutôt qu’employé, professionnel et non travailleur…

D’ailleurs, fait troublant, les psychologues ont remarqué un changement de comportement radical de la génération Y à la génération de Z. la génération Z ne croit pas à la carrière et aux études traditionnelles.

Une nouvelle notion de pouvoir apparaîtra où ceux qui sauront analyser et maîtriser l’infobésité et la surcharge informationnelle seront les rois. Car, en effet, l’ordinateur et Internet ne seront plus considérés comme des outils mais comme un média.

Déjà, on en voit les prémices… Ils utilisent le Web pour communiquer et maintenir le contact (principalement à l’aide de communautés en ligne à l’image de celle que nous connaissons dans les réseaux sociaux) et détournent les outils au service de leurs besoins. Les membres de la génération Z sont dès aujourd’hui des hyper connectés. Gérer contacts virtuels et alimenter leurs réseaux font déjà partie de leur vie courante.

Autre aspect de leur utilisation, ils jouent collaborativement. La phase de jeu en ligne est un incontournable et d’un jeu à l’autre, ils s’immergeront dans des mondes virtuels.

Fait marquant également, leur volonté (inculquée par nous ?) de grandir plus vite, dans le sens d’arriver rapidement à l’âge d’adulte (même si ils s’accrochent à leur adolescence plus longtemps) et leur créativité ! Leur côté écolo ne sera pas à négliger dans l’appréciation de leurs usages des technologies de communication et d’information dont ils seront très certainement dépendants. Une grande partie de leur vie se fera dans des mondes virtuels.

Cela n’enlèvera rien à leur vie sociale très riche (trop diront certains). Nous leur avons inculqué dès leur plus tendre enfance l’importance d’un lien social fort. Il est courant de voir des anniversaires organisés avec une ribambelle de gamins dès 4 ou 5 ans !

Mais, justement cette connaissance de la vie sociale leur évitera sur le net l’effet de collectionnite dans les divers réseaux. La génération Z fonctionne en qualité des contacts et non en quantité de contacts comme ses prédécesseurs. De même aucune distinction ne sera mise en place entre contact réel ou contact virtuel. Ils auront parfaitement pris la mesure de l’existence des réseaux de liens forts (qu’on pourrait comparaître aux vrais amis actuels) par rapport aux liens faibles (les relations utiles).

Si la génération Y a tendance à partager assez facilement sa vie privée, y compris avec des inconnus, la génération Z sera plus  » réservée « . Elle a appris de ses aînés à être présente naturellement, y compris avec l’analyse des dérives (commentaires…). On pourrait dire sur ce sujet que la génération Y regroupe les explorateurs et la génération Z, les utilisateurs.

Et, le partage de la vie privée dans la génération Z est réservé à un nombre très restreint d’invités. La vie privée se partage en toute transparence avec ses liens forts, mais c’est le secret absolu en dehors de ces privilégiés, avec les liens faibles.

Cela n’empêchera pas que le sentiment de possession disparaîtra au profit de l’usage… Les notions de fidélité et d’engagement telles que nous les connaissons devraient prendre un coup dans l’aile.

Égocentrique, ils le seront certainement, en tout cas ce qui les intéressera par-dessus tout, ce sera leur propre vie, avec une sensibilité à fleur de peau, notamment contre les injustices !

En corollaire, leur notion d’espace de liberté est bouleversée, comme celle de leur intimité et donc leur vie privée.

La vie privée

Attention, lorsque l’on évoque la vie privée, de ne pas focaliser sur la notion juridique assimilable aux données personnelles. Cependant, et pour cause, même le Code Civil ou le Code Pénal ne donnent pas une définition précise de la vie privée.

Cet aspect du vocable de la protection de la vie privée dans ce sens correspond à un contrôle sur nos renseignements personnels (systèmes de surveillance et collecte de données personnelles).

Mais la notion de vie privée est aussi et avant tout une question philosophique : l’étude de la sphère de l’intimité de chacun. D’ailleurs, une recherche sur le net vous assurera de cette situation vu le nombre de devoirs de philosophie ayant comme sujet : la vie privée vs vie publique ou encore le dossier de Philosophie mag, dans son numéro 19 : Vie publique, vie privée : où sont les limites ?

Mais, les débats acharnés actuellement sur la vie privée sur Internet naissent aussi d’un paramètre géographique. La vie privée est ce qui se déroule dans le domicile privé et par opposition, la vie publique est synonyme de vie en public. Internet fait-il parti de son  «domicile» ou est-il public ?

Cette géographie de la toile mérite réflexion, car elle est à la fois privée et publique ! Cela dépasse la segmentation entre la vie professionnelle et la vie publique auxquelles on oppose souvent la vie privée.

La vie privée est au coeur des libertés individuelles où chacun définie ses limites d’ordre strictement personnel. Dans ce monde de confidences, où le public n’est généralement pas admis, l’intimité est de règle (à moins de les dévoiler et donc de les rendre publiques).

La seule exception admise à la violation de la vie privée, c’est lorsqu’elle provient du pouvoir (reste à mesurer l’abus de pouvoir) pour des raisons majeures (terrorisme, affaires d’état ou simple loi comme celle de la voie publique). Elle reste discutable dans les autres circonstances. La dénonciation à la police de pédophiles par le journaliste de l’émission : les infiltrés pose débat. Nous sommes dans le domaine de la vie privée ! Le plupart du temps, c’est en fonction de ce qui est public que l’on définit la vie privée. Tentons une approche différente.

Si la vie privée ne concerne pas les autres… reste à chacun à définir ses propres limites (ce que je protège), ce qui est notre intimité, ce qui ne concerne pas les autres (et quels autres), ce qui doit se faire sans témoins ou en nombre très limité…

D’ailleurs, selon les domaines de la vie privée abordés, ce ne sont pas les mêmes proches qui sont concernés.

Les aspects de la vie privée sur Internet ressemblent beaucoup aux principales composantes de la vie privée : vie familiale, vie sentimentale, loisirs, santé, moeurs, convictions philosophiques et religieuses, droit à l’image…

En étudiant la vie privée, l’intime à la part belle. L’intime ne s’adresse qu’aux confidents et aux proches plus ou moins étroitement unis par des liens d’amitié, d’amour… selon les moeurs adoptés par les uns ou les autres.

Or, des brèches sont ouvertes depuis plusieurs années dans le domaine de l’intimité. L’apparition des notes journalières sur des événements personnels, des émotions, des sentiments et des réflexions intimes : les blogs ouvraient la boîte de Pandore.

Avant les blogs, on n’envisageait pas la publication des journaux intimes.

À leur naissance, nous étions tous fascinés et enchantés par ces blogs… Pourtant, l’intimité de l’individu et donc sa vie privée s’ouvrait au nudisme social.

L’anonymat et les pseudos sont des facteurs qui ont favorisé cette éclosion des blogs. L’impossibilité (pour d’autres utilisateurs) de déterminer la véritable identité d’une personne ou supposée comme telle (Sommes-nous vraiment anonymes ?) permettait d’avoir l’impression de garantir sa vie privée.

Depuis, les questions d’identité numérique sont à l’honneur y compris désormais la vie privée. Au cours des dernières semaines de nombreuses publications ont traité de la question de la protection de la vie privée sur Internet. Le meilleur exemple sont certainement les deux articles de Jean-Marc Manach : Le point de vue des petits cons qui faisait suite à La vie privée, un problème de vieux cons ?

Alors, oui une évolution des moeurs est en cours et il est vrai, même si le discours déplait, que Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a raison lorsqu’il sous-entend que les générations les plus jeunes n’ont pas la même conception de la vie privée que leurs aînés.

La plupart des jeunes nés avec Internet ont en effet moins de complexes à diffuser des éléments de vie privée que leurs aînés sur le réseau. C’est autour de la sexualité que le conflit de génération est le plus évident et mis en exergue par le sexting.

Au passage, le sexe n’est-il pas désormais banalisé comme un loisir ? (sujet du livre : Sex@mour écrit par le sociologue Jean-Claude Kaufmann qui paraît en ce moment).

Auparavant, la vie privée était régulée par la morale sociale. Aujourd’hui et demain encore plus, elle l’est et le sera par une éthique personnelle de l’individu.

Notre sacro-sainte vie privée va se réduire comme peau de chagrin. Toutefois, la barrière de la transparence totale de l’individu ne sera pas franchie. L’ambiguïté de la présence sur la toile et du personal branding ne créera plus de paranoïa dans l’avenir. Au contraire, la grande majorité de la génération Z maîtrisera bien mieux qu’on ne l’imagine en général sa vie privée sur la toile. Ils corrigeront les défauts que nous avons !

La génération Z aura appris à en jouer et à s’en servir pour se mettre en avant avec franchise, honnêteté. Assumer ses paroles et ses actes seront leurs maîtres mots. Ils assumeront parfaitement la protection de leurs vies privées, le droit au secret… tout en gérant le droit d’être vu et exposé sur la toile.

L’abandon de toute pudeur de la part d’anonymes croyant se hisser ainsi à la hauteur des people sera superflu. La génération Z a compris que ce n’est pas la vie privée qui fait les grands hommes. Après tout, Einstein n’est pas connu pour ce qu’il a dit et fait dans le privé ! Et les Dupont et les Dupond ont une vie privée ordinaire, tout comme Einstein.

Chaque évolution (révolution) a apporté son lot de changement… Les jeunes des années 60-70 ont fait la révolution sexuelle. La génération Z fera celle de la vie privée. J’ai expliqué par ailleurs que cette révolution, qui se déroule sous nos yeux de façon sous-jacente, est liée à l’arrivée de l’ordinateur et amplifiée avec le succès d’internet.

Nudisme social ? pourquoi pas. Mais, nos parents ou nos grands-parents n’employaient-ils pas le même type d’expression vis-à-vis du MLF, des libertés engendrées autour de 68 ? Est ce bien, est ce mal ? Quelques décennies plus tard, nous sommes tous d’accord pour dire que cette période chère à la génération X a fait avancer les moeurs dans la société.

Cette transparence d’un nouveau genre, proposée par la génération Z, fera date à n’en pas douter dans le futur et l’on soulignera alors certainement les bienfaits.

Si l’on pèse le poids des gains et avantages comparés à celui des inconvénients et des contraintes, pourquoi le fléau ne pencherait-il pas du côté des choix de la génération Z ? La forme d’individualisme à laquelle nous sommes confrontés et qui a donné naissance à l’intimité ne serait-elle pas en train d’exploser avec cette génération Z ?

Et puis, nous, générations âgées, ne sommes-nous pas des voyeurs, des indiscrets qui regardent par le trou de la serrure, des curieux par nature ? Nous voulons savoir ce que fait l’autre, qui il est.

Nous cherchons à percer le mystère de la vie privée des autres. Pourquoi ? Pour voir qu’il y a plus heureux ou malheureux que nous ? Pour les effets de miroir ? C’est un peu comme si la connaissance de la vie privée de l’autre faisait partie d’un besoin de pouvoir.

Parfois, on peut se demander si les réactions des  «vieux» ne sont pas empreintes de la jalousie ou de quelque chose de l’ordre du fantasme s’ils avaient eux-mêmes possédé de tels moyens de communication ? Cela sera beaucoup plus  «naturel » pour la génération Z aussi bien avec leurs liens forts (la garde rapprochée des  «zédiens») qu’avec leurs liens faibles.

Si l’on considère que la vie privée est ce que l’on choisit de ne pas porter à la connaissance des autres et que l’intime correspond à la pudeur, que l’on décide de montrer ou pas, il y a fort à parier que la génération Z étalera sa vie privée, mais avec une grande pudeur.

Le no men’s land entre le privé et le public est la tolérance. Reste à être raisonnable tout en sachant que l’interdit social sera beaucoup plus permissif qu’il ne l’est actuellement. Et si Soljenitsyne fournissait les anciens repères :  « Notre liberté se bâtit sur ce qu’autrui ignore de nos existences», qui nous donnera ceux de demain, ceux de la génération Z ?

Ce texte avait été publié en 2010 pour le blog du modérateur, plus exactement pour le Livre blanc Régions job sur l’identité numérique de l’époque.

Ce texte est toujours d’actualité comme son homologue publié dans les mêmes conditions : géolocalisation et identité numérique.

géolocalisation et identité numérique

Régulièrement dans les conférences et autres interventions en entreprise ou auprès du grand public, l’une des questions dans la salle tourne toujours autour des données personnelles, des dangers de Big Brother, de l’oubli numérique

des données personnelles

Excusez-moi, mais la question est mal posée ! Il est déjà trop tard pour réfléchir à ce genre de choses. Pourquoi ? Parce que la diffusion des données personnelles et l’exposition de sa vie privée sur le net a été enclenchée depuis longtemps dans ce domaine.

Ainsi, des études sociologiques en Angleterre ont montré que le téléphone mobile avait supplanté la cigarette en tant que symbole du passage à l’âge adulte pour les jeunes adolescents. Et, je me rappelle qu’au milieu des années 90, nous nous moquions entre enseignants des étudiants qui frimaient avec leur téléphone portable.

D’un autre côté, sur Internet, nous avons été heureux de pouvoir « communiquer » librement sur ce que l’on nous vendait comme le « grand village mondial ». Peu de personnes ont réagi à l’époque. Certains avaient l’impression que l’on pouvait tout dire ou écrire derrière le paravent de l’écran !

Et puis, les gourous du Web 2.0 nous ont appris qu’il était nécessaire de partager ! Même des sociétés comme Microsoft ont relayé à leur manière le partage et la collaboration, par exemple dans le « Petit précis de l’efficacité collective – Travailler autrement » paru en 2006.

Le tout saupoudré d’une tendance : l’immédiateté !

la géolocalisation

Voilà pour le côté historique. Enfin, presque, puisque ce qui nous intéresse est la dernière « intrusion » dans notre vie privée : indiquer à tous l’endroit où l’on se trouve dans l’instant par la géolocalisation.

Pour une personne de mon âge, allez savoir pourquoi, c’est le summum de mes libertés qui sont prises en défaut ! Je ne veux pas faire savoir à la terre entière à quel endroit précis je me trouve ! Mais, contradiction de cinquantenaire, j’aimerais bien parfois pouvoir indiquer à quel endroit précis je suis ! Et là, on en arrive à l’usage.

Expliquons un peu ce paragraphe. Concernant la géolocalisation, cela fait longtemps que des systèmes scrutent notre position… Rappelez-vous le film concernant la tentative de corruption du match Valenciennes-OM et le témoignage de complaisance sur l’aller-retour d’un Ministre de l’époque sur l’autoroute A1. C’était en 1993. On connaissait son heure de passage aux différents péages. Une forme de géolocalisation…

Depuis, en 2006, la CNIL a adopté une recommandation relative à la mise en oeuvre de dispositifs destinés à géolocaliser les véhicules automobiles utilisés par les employés d’un organisme privé ou public (Délibération n°2006-066 du 16 mars 2006).

Comme expliqué dans l’article sur les z’ed : « De l’avenir de la géolocalisation : Foursquare, dismoiou… » , il est possible de géolocaliser facilement un téléphone soit par triangulation, soit, pour les dernières générations, par le GPS intégré. Il est nécessaire que le propriétaire l’autorise. À moins que ce ne soit la police ou l’armée qui fasse une enquête.

Lors de l’arrivée de Google Latitude, une fonction de Google Maps pour les téléphones portables qui permet à vos correspondants de voir où vous êtes, et inversement, la CNIL a pris position sur ce nouveau dispositif de « traçage » et a rappelé que ce service est soumis à la loi Informatique et Libertés. C’est au premier semestre 2009.

Cependant, l’utilisateur lambda et l’internaute souhaitent cette localisation « refusée » par les autorités.

On peut trouver de nombreuses raisons pour le particulier : chat et rencontres organisées, surveillance familiale (il faudrait également réfléchir sur les bienfaits de la surveillance des enfants…) et de personnes vulnérables (nouveaux-nés, Alzheimer, hospitalisés, etc.). Autres usages qui pourraient être intéressants : l’information touristique, événementielle, le restaurant, médecin, etc. le plus proche…

Et aussi les jeux interactifs et autres applications ludiques. Et puis, l’entreprise peut y trouver son compte avec les services d’offres promotionnelles localisées, les affiches interactives, les coupons de réduction en passant dans le rayon ou devant la devanture d’un magasin.

L’usage l’emporte assez facilement sur la raison… ce qui introduit une nouvelle dimension à l’exposition de sa vie privée sur les réseaux. Le cas de Foursquare, le système de géolocalisation à la mode, est significatif à cet égard. À la fois jeu et système d’informations sur une ville…, l’usage de Foursquare rappelle ce qui se passait au début de Twitter.

En effet, les premiers usages correspondaient au « Qu’es-tu en train de faire ? » sur la page d’accueil du service de microblogging. Désormais, suite à l’usage, leur slogan est devenu : « Partagez et découvrez ce qui se produit en ce moment, partout dans le monde. » Autant, la première formulation était intrusive dans le domaine de la vie privée, autant, la seconde ne l’est plus ! Les utilisateurs de Twitter ont modelé l’outil à leur usage. Je ne dis pas que les utilisateurs ne laissent pas de traces dans Twitter, je dis juste qu’ils ont adopté un comportement « raisonnable » à l’utilisation de ce service.

Il y a fort à parier que les informations laissées dans Foursquare et autres équivalents : dismoioù, Gowalla… après une phase d’apprentissage, pendant laquelle beaucoup de données personnelles seront en jeu, se stabiliseront. D’ailleurs, comme Cyril HIJAR, certains titrent déjà : « La e-reputation à l’heure de la géolocalisation : mon boucher, ce community manager.»

géolocalisation et identité numérique

La difficulté concernant l’identité numérique pour les systèmes de localisation concerne peut-être plus la e-réputation des entreprises qui seront sur le devant de la scène grâce à ce marketing local. Personne pour l’instant, ou trop peu de petits commerçants, ne se penche sur ce danger. Pourtant, leur réputation est bien en jeu dans ce type de service.

Dans l’article de l’avenir de la géolocalisation : Foursquare, dismoiou… sur mon blog, j’évoque le cas d’un café brasserie Lillois où les commentaires ne sont guère flatteurs ! Quand prendront-ils conscience de ce qui est écrit sur eux ?

Autre perspective à prendre en compte, la notion de partage des jeunes. S’il leur semble naturel de partager beaucoup d’informations de tout type sur la toile, pourquoi ne partageraient-ils pas également leur localisation ? Reste à savoir avec qui ! Car ils partagent certaines choses seulement avec un cercle restreint d’amis !

Une fois le sujet de la localisation et de la géolocalisation passé, y’a t-il d’autres expositions de sa vie privée sur le Web qui vont prendre le relais ? Oui, c’est certain. Le champ de la vie privée est vaste : ce que j’achète, la traçabilité des aliments jusque dans les fourneaux, la domotique… Cependant, l’optique de la reconnaissance faciale au niveau des images dans les moteurs de recherche m’effraie pour les conséquences.

Imaginons un peu ! Vous trouvez l’image d’une personne. Vous la soumettez par exemple à Google qui vous « remonte » toutes les images correspondantes en explorant tous les recoins du réseau depuis des années. Lors d’une enquête sur les sites de rencontres, échangistes ou d’exhibition, parfois les archives étaient plus vieilles que le passage du siècle !

Pour les sceptiques, Google réalise déjà cette prestation au sein de nos propres images dans Picasa (ajout de 2014, désormais Google image propose la recherche d’images sur le net) ! Cela aussi c’est de l’exposition de la vie privée ! Mais, là encore, cela fait longtemps que nous laissons des traces dans ce domaine (y compris parfois par jeu) et dont, nous-même, n’avons plus la mémoire.

Enfin, d’autres aspects moraux poseront à n’en pas douter question : quid des « relations sexuelles » sur la toile ? Sujet encore tabou dont personne n’ose parler ouvertement. Et si la naissance se vit en direct parfois sur le Web, le mariage… Est-ce que le tabou de la mort fera aussi partie de ce que l’on jettera en pâture sur la toile pour certains, que l’on partagera sans complexe pour les autres comme acte de vie (voir la série de 3 articles sur la mort IRL et mort numérique).

Ce texte avait été publié en 2010 pour le blog du modérateur, plus exactement pour le Livre blanc Régions job sur l’identité numérique de l’époque.

Désormais beaucoup de médias sociaux géolocalisent nos actions ce qui rend ce texte toujours actuel comme son homologue publié dans les mêmes conditions : Génération Z et « nudisme social » : vers une redéfinition de la vie privée ?.