géolocalisation et identité numérique

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Eric Delcroix est spécialisé en conseil, contenu, communication digitale, formation, internet, réseaux et médias sociaux, picture marketing, Facebook, Pinterest, Linkedin, Twitter, génération Z

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Régulièrement dans les conférences et autres interventions en entreprise ou auprès du grand public, l’une des questions dans la salle tourne toujours autour des données personnelles, des dangers de Big Brother, de l’oubli numérique

des données personnelles

Excusez-moi, mais la question est mal posée ! Il est déjà trop tard pour réfléchir à ce genre de choses. Pourquoi ? Parce que la diffusion des données personnelles et l’exposition de sa vie privée sur le net a été enclenchée depuis longtemps dans ce domaine.

Ainsi, des études sociologiques en Angleterre ont montré que le téléphone mobile avait supplanté la cigarette en tant que symbole du passage à l’âge adulte pour les jeunes adolescents. Et, je me rappelle qu’au milieu des années 90, nous nous moquions entre enseignants des étudiants qui frimaient avec leur téléphone portable.

D’un autre côté, sur Internet, nous avons été heureux de pouvoir « communiquer » librement sur ce que l’on nous vendait comme le « grand village mondial ». Peu de personnes ont réagi à l’époque. Certains avaient l’impression que l’on pouvait tout dire ou écrire derrière le paravent de l’écran !

Et puis, les gourous du Web 2.0 nous ont appris qu’il était nécessaire de partager ! Même des sociétés comme Microsoft ont relayé à leur manière le partage et la collaboration, par exemple dans le « Petit précis de l’efficacité collective – Travailler autrement » paru en 2006.

Le tout saupoudré d’une tendance : l’immédiateté !

la géolocalisation

Voilà pour le côté historique. Enfin, presque, puisque ce qui nous intéresse est la dernière « intrusion » dans notre vie privée : indiquer à tous l’endroit où l’on se trouve dans l’instant par la géolocalisation.

Pour une personne de mon âge, allez savoir pourquoi, c’est le summum de mes libertés qui sont prises en défaut ! Je ne veux pas faire savoir à la terre entière à quel endroit précis je me trouve ! Mais, contradiction de cinquantenaire, j’aimerais bien parfois pouvoir indiquer à quel endroit précis je suis ! Et là, on en arrive à l’usage.

Expliquons un peu ce paragraphe. Concernant la géolocalisation, cela fait longtemps que des systèmes scrutent notre position… Rappelez-vous le film concernant la tentative de corruption du match Valenciennes-OM et le témoignage de complaisance sur l’aller-retour d’un Ministre de l’époque sur l’autoroute A1. C’était en 1993. On connaissait son heure de passage aux différents péages. Une forme de géolocalisation…

Depuis, en 2006, la CNIL a adopté une recommandation relative à la mise en oeuvre de dispositifs destinés à géolocaliser les véhicules automobiles utilisés par les employés d’un organisme privé ou public (Délibération n°2006-066 du 16 mars 2006).

Comme expliqué dans l’article sur les z’ed : « De l’avenir de la géolocalisation : Foursquare, dismoiou… » , il est possible de géolocaliser facilement un téléphone soit par triangulation, soit, pour les dernières générations, par le GPS intégré. Il est nécessaire que le propriétaire l’autorise. À moins que ce ne soit la police ou l’armée qui fasse une enquête.

Lors de l’arrivée de Google Latitude, une fonction de Google Maps pour les téléphones portables qui permet à vos correspondants de voir où vous êtes, et inversement, la CNIL a pris position sur ce nouveau dispositif de « traçage » et a rappelé que ce service est soumis à la loi Informatique et Libertés. C’est au premier semestre 2009.

Cependant, l’utilisateur lambda et l’internaute souhaitent cette localisation « refusée » par les autorités.

On peut trouver de nombreuses raisons pour le particulier : chat et rencontres organisées, surveillance familiale (il faudrait également réfléchir sur les bienfaits de la surveillance des enfants…) et de personnes vulnérables (nouveaux-nés, Alzheimer, hospitalisés, etc.). Autres usages qui pourraient être intéressants : l’information touristique, événementielle, le restaurant, médecin, etc. le plus proche…

Et aussi les jeux interactifs et autres applications ludiques. Et puis, l’entreprise peut y trouver son compte avec les services d’offres promotionnelles localisées, les affiches interactives, les coupons de réduction en passant dans le rayon ou devant la devanture d’un magasin.

L’usage l’emporte assez facilement sur la raison… ce qui introduit une nouvelle dimension à l’exposition de sa vie privée sur les réseaux. Le cas de Foursquare, le système de géolocalisation à la mode, est significatif à cet égard. À la fois jeu et système d’informations sur une ville…, l’usage de Foursquare rappelle ce qui se passait au début de Twitter.

En effet, les premiers usages correspondaient au « Qu’es-tu en train de faire ? » sur la page d’accueil du service de microblogging. Désormais, suite à l’usage, leur slogan est devenu : « Partagez et découvrez ce qui se produit en ce moment, partout dans le monde. » Autant, la première formulation était intrusive dans le domaine de la vie privée, autant, la seconde ne l’est plus ! Les utilisateurs de Twitter ont modelé l’outil à leur usage. Je ne dis pas que les utilisateurs ne laissent pas de traces dans Twitter, je dis juste qu’ils ont adopté un comportement « raisonnable » à l’utilisation de ce service.

Il y a fort à parier que les informations laissées dans Foursquare et autres équivalents : dismoioù, Gowalla… après une phase d’apprentissage, pendant laquelle beaucoup de données personnelles seront en jeu, se stabiliseront. D’ailleurs, comme Cyril HIJAR, certains titrent déjà : « La e-reputation à l’heure de la géolocalisation : mon boucher, ce community manager.»

géolocalisation et identité numérique

La difficulté concernant l’identité numérique pour les systèmes de localisation concerne peut-être plus la e-réputation des entreprises qui seront sur le devant de la scène grâce à ce marketing local. Personne pour l’instant, ou trop peu de petits commerçants, ne se penche sur ce danger. Pourtant, leur réputation est bien en jeu dans ce type de service.

Dans l’article de l’avenir de la géolocalisation : Foursquare, dismoiou… sur mon blog, j’évoque le cas d’un café brasserie Lillois où les commentaires ne sont guère flatteurs ! Quand prendront-ils conscience de ce qui est écrit sur eux ?

Autre perspective à prendre en compte, la notion de partage des jeunes. S’il leur semble naturel de partager beaucoup d’informations de tout type sur la toile, pourquoi ne partageraient-ils pas également leur localisation ? Reste à savoir avec qui ! Car ils partagent certaines choses seulement avec un cercle restreint d’amis !

Une fois le sujet de la localisation et de la géolocalisation passé, y’a t-il d’autres expositions de sa vie privée sur le Web qui vont prendre le relais ? Oui, c’est certain. Le champ de la vie privée est vaste : ce que j’achète, la traçabilité des aliments jusque dans les fourneaux, la domotique… Cependant, l’optique de la reconnaissance faciale au niveau des images dans les moteurs de recherche m’effraie pour les conséquences.

Imaginons un peu ! Vous trouvez l’image d’une personne. Vous la soumettez par exemple à Google qui vous « remonte » toutes les images correspondantes en explorant tous les recoins du réseau depuis des années. Lors d’une enquête sur les sites de rencontres, échangistes ou d’exhibition, parfois les archives étaient plus vieilles que le passage du siècle !

Pour les sceptiques, Google réalise déjà cette prestation au sein de nos propres images dans Picasa (ajout de 2014, désormais Google image propose la recherche d’images sur le net) ! Cela aussi c’est de l’exposition de la vie privée ! Mais, là encore, cela fait longtemps que nous laissons des traces dans ce domaine (y compris parfois par jeu) et dont, nous-même, n’avons plus la mémoire.

Enfin, d’autres aspects moraux poseront à n’en pas douter question : quid des « relations sexuelles » sur la toile ? Sujet encore tabou dont personne n’ose parler ouvertement. Et si la naissance se vit en direct parfois sur le Web, le mariage… Est-ce que le tabou de la mort fera aussi partie de ce que l’on jettera en pâture sur la toile pour certains, que l’on partagera sans complexe pour les autres comme acte de vie (voir la série de 3 articles sur la mort IRL et mort numérique).

Ce texte avait été publié en 2010 pour le blog du modérateur, plus exactement pour le Livre blanc Régions job sur l’identité numérique de l’époque.

Désormais beaucoup de médias sociaux géolocalisent nos actions ce qui rend ce texte toujours actuel comme son homologue publié dans les mêmes conditions : Génération Z et « nudisme social » : vers une redéfinition de la vie privée ?.


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  1. Ping : vers une redéfinition de la vie privée : génération Z et nudisme social ? - Génération Z ou C, qui sont-ils

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